Mise à jour du 29 octobre 2024.
Le père du jeune homme s’est adressé à la presse pour partager son histoire après la publication de cet article par le Dr Jean Devroye. Voici un lien vers l’histoire.
25 juin 2024
Écrit par Jean Devroye, MD, FISHRS, Chirurgien en greffe de cheveux à Bruxelles, Belgique et fondateur de Devroye Instruments
Aujourd’hui, je suis profondément attristé.
Un jeune patient de 24 ans s’est suicidé en pleine fleur de l’âge. L’histoire est banale : il avait été séduit par la promesse d’avoir enfin une belle barbe. D’autant plus que les prix proposés étaient très attractifs. La décision fut prise – il partirait en Turquie pour subir l’intervention dont il rêvait.
Quelque temps plus tard, il m’a appelé en détresse pour savoir si je pouvais l’aider. L’opération avait eu lieu. Malheureusement, comme des milliers d’autres avant lui, il a réalisé que les « opérateurs » n’étaient pas seulement non qualifiés, mais que l’intervention n’avait même pas été pratiquée par un médecin – entraînant un épuisement de sa zone donneuse. Hélas, il est une autre victime du marché noir.

Par la suite, je l’ai vu pour la première fois lors d’une visioconférence. La situation n’était pas catastrophique, mais ce patient était impatient de corriger son apparence. Il était anxieux de retirer ces greffons de son visage, où il y avait clairement trop de poils. Mais surtout, il était obsédé par sa zone donneuse – qui avait été épuisée.
La solution thérapeutique pour la réparation de la greffe de cheveux était simple : retirer une partie des greffons, les subdiviser, puis replacer un greffon à un seul cheveu dans les trous créés. Les greffons excédentaires seraient ensuite transférés vers la zone donneuse.
L’intervention que je devais réaliser a été décidée et effectuée. Ce jeune patient était ravi, et une deuxième opération avait déjà été programmée pour poursuivre la correction.
Le lendemain, selon les mots de sa mère qui l’accompagnait, « il est transformé ». Elle me dit qu’elle a retrouvé son fils. Le post-opératoire s’est déroulé normalement et la situation évoluait bien. La zone donneuse a été greffée comme il le souhaitait. Je suis resté en contact avec lui par e-mail et en lui envoyant des photos.
Un mois plus tard, une consultation post-opératoire, que je prévois toujours, était programmée. Je l’ai revu via une plateforme vidéo. Il semblait aller bien. Malheureusement, je n’ai pas détecté sa détresse.
J’apprendrais plus tard qu’il n’allait pas bien. Ses parents ont essayé de m’appeler ce matin-là. Mais malheureusement, je n’ai pas pu répondre à leur appel à ce moment-là. J’avais passé un long moment lors de notre appel vidéo à le rassurer et à lui expliquer comment une seconde intervention améliorerait le résultat et résoudrait très probablement son problème.
Quelques jours plus tard, il s’est suicidé.
Ses parents, très dignes, m’ont contacté pour me remercier, me disant que j’avais fait 95 % du travail, mais un goût amer est resté dans ma gorge. Pourquoi n’ai-je pas perçu la détresse de ce jeune homme ? Il a laissé une belle lettre à ses parents, mais il est mort, et je suis tellement en colère contre ceux qui traitent nos jeunes ainsi. La principale raison de son tourment semble avoir été le sentiment d’avoir été trahi par la clinique du marché noir et de ne pas avoir été respecté par des gens sans scrupules.
Les greffes de cheveux ne sont pas seulement un acte technique ; nous touchons aussi souvent à l’âme du patient.
Je rejoue souvent cette histoire dans ma tête et j’imagine que j’aurais pu le sauver. C’est l’histoire simple d’un jeune homme qui avait toute la vie devant lui et qui est mort à cause d’une greffe de barbe ratée…